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Critique 8: Pieces of a woman - Kornel Mundruczo

  • Photo du rédacteur: Nina.G
    Nina.G
  • 23 janv. 2021
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 janv. 2021

« Avec Pieces of a Woman, c’est un peu comme si je disais : voici ce que je suis » de Kornél Mundruczo.

Porté par un sujet fragile, délicat et mis dans le silence, Pieces of a Woman est une grande surprise et une claque cinématographique. Réalisé et diffusé sur Netflix en 2021 par Kornél Mundrunczo, et produit par Scorsese, ce film canadien est le récit d’un couple victime de la mort de leur enfant survenue juste après la naissance, engendrant la destruction d’un couple jusqu’au sein des murs d’un tribunal.


Ce drame traite un sujet peu médiatisé en 2021, et pourtant touchant plusieurs couples encore aujourd’hui, dont le propre réalisateur de Pieces of a Woman.

Le scénario démarre avec un long plan séquence, lourd, éprouvant, douloureux, autant pour les personnages du film, que pour nous les spectateurs. D’un esthétique magnifique, le film commence donc avec un accouchement à domicile entremêlant l’euphorie d’un jeune couple, l’attention d’un compagnon, le métier de sage-femme et l’émotion d’une femme prête à mettre au monde leur premier enfant. Tout se joue sur cette scène. Pour certain, la longueur de la scène ne voulant manquer aucun détail de ce moment si merveilleux, la lenteur des plans jamais coupés et les longs silences jaillissant entre quelques dialogues, peuvent laisser les spectateurs dans une légère lassitude. Pour d’autres, cette scène est d’une justesse exceptionnelle. Comme une mise en bouche, une préface ou une introduction, les premières minutes d’une œuvre doivent tenir en haleine son public, et ici, c’est un sans-faute. Participer aux étapes cruciales d’un accouchement et entrer dans l’intimité de ce moment où le plan séquence et l’atmosphère silencieuse et palpitante alimentent un suspens absolu et éblouissant. Notre regard ne peut s’échapper de l’écran, tellement la longueur dans le temps bouleverse. Évidemment, en lisant le synopsis, chacun de nous savons la finalité de ce moment lumineux qui se transformera en un nuage sombre et effrayant, dont chacun de nous ressentirons la douleur, la perte, la déchirure des personnages.


« Faire une prise de 30 minutes sans interruption était un choix libérateur pour moi.

Cela permet de se jeter dans le vide.

Si l’on ne croit pas à cette scène, alors le reste du film ne peut pas fonctionner »

- Kornél Mundrunczo


Effectivement, nous sommes jetés dans le vide. Tout au long du long métrage, cette ambiance et cette lignée vertigineuse, destructrice et insupportable continue à frapper nos cœurs. Un combat inégal et destructeur, juridique, social et familial sera le fil conducteur du film. Le réalisateur souligne l’affliction inattendue de cette tragédie mystérieuse, soudaine, incomprise, dont les questions ne cessent de tourbillonner. Il exploite plusieurs profils, plusieurs personnalités en deuil. Le réalisateur utilise des images métaphoriques pour illustrer les émotions du film afin d’atténuer le plus possible le dialogue inutile. Un ballon qui se dégonfle, des fleurs fanées, des graines de pommes mettent en lumière, subtilement, un signe, une émotion, un symbole, touchant le couple. Aucun détail, aucun moment, aucun sentiment à la suite de ce drame n’est exclue et non exprimé. Le cinéaste désire exposer la vérité de ce sujet encore si tabou et peu écouté afin d’aider, de sensibiliser ou simplement rendre hommage aux couples mais aussi aux sages-femmes et aux gynécologues témoins et désignés comme coupables lors de cet incident tragique. Les images chocs ne lui font pas peur et il pénètre brutalement dans l’intimité intérieure et extérieure .

Jouée par la talentueuse actrice Vanessa Kirby, le rôle de Martha est impressionnant. Jusqu’au maquillage léger et révélateur, la sincérité des faits dans ce film est mise au premier plan. D’un jeu émouvant et poignant, le réalisateur filme la décomposition émotionnelle d’une femme anéantie par la perte de son enfant. Son corps ne lui appartient plus, son cœur se déchire, ses pensées sont dans le noir total. La caméra la suit dans ses mouvements sans jamais la lâcher comme pour nous positionner face aux faits en tant que témoins de sa mort intérieure. Sean, son mari, est confronté entre sa propre douleur et celle de sa femme. Shia LaBeouf est époustouflant et remarquable dans ce rôle. Quelle belle surprise ! Il met en valeur Vanessa et entre complètement dans ce personnage détruit, passionnel et incontrôlable. Chacun des acteurs de ce film sont sous les projecteurs de Kornél Mundrunczo. Chacun incarne cette insupportable sentiment du deuil.


A travers Pieces of a Woman, Kornel Mundrunczo remet en question notre regard humain sur ce sujet souvent secret et étouffé au sein même de notre société et des familles. Ce film est tout simplement glaçant, magnifique, bouleversant, inattendue et déchirant.

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Source : Allo Ciné - Télérama



Nina.G

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