Critique n4 : Une Histoire Vraie - David Lynch
- Nina.G
- 2 avr. 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 avr. 2020
De tous les films de David Lynch, Une Histoire Vraie doit être certainement le plus doux, le plus sensible et le plus simple. Le scénario a été écrit par sa femme Mary Sweeney et c’était effectivement un challenge pour le réalisateur de ne pas écrire un film complexe et sensoriel comme nous connaissons avec Mulholland Drive ou Inland Empire.
Réalisé en 1999, ce road trip a sa touche personnelle, la tondeuse à gazon nous plonge dans le récit magnifique d’Alvin Straight, un vétéran de la guerre sur le chemin des retrouvailles avec son frère ainé Lyle après des conflits et dix ans de séparation. Entre multiples péripéties, rencontres, problèmes techniques, Alvin Straight nous emmène sur la direction de sa réconciliation.
Une Histoire Vraie, avec très peu de personnages, est vraisemblablement porté par l’acteur Richard Farnsworth interprétant le vieillard Alvin Straight. Ce dernier rempli de discrétion est une rencontre tout au long du film pour les spectateurs à travers les confessions qu’il partage. En effet, au départ, nous ne savons que peu de choses au sujet de cet homme parent d’une jeune femme aujourd’hui. Lorsque nous le découvrons, il semble étrange et déterminé à parcourir les États-Unis au bord de sa tondeuse à gazon, quelque chose de jamais vu autant pour nous que pour les autres protagonistes. Nous voyons à travers cela une sorte d’humour caché, une singularité signée David Lynch. Au fil de son parcours, il nous touche à travers ses longues discussions où il remémore son passé, sa famille, la perte de ses enfants, les conflits entre frères et la douleur d’un jeune soldat sur le front. Il partage son expérience et nous apprend ce qu’est la vraie vie. Devant Une Histoire Vraie, les spectateurs sont sur le chemin de l’apprentissage du pardon, de l’amour et de la douleur.
Une grande partie du film montre simplement des champs et une route américaine à perte de vue avec cet homme sur son minuscule « véhicule », ce qui peut paraître mou au bout de deux heures de visionnage. Cependant, David Lynch coupe son film lorsque Alvin arrête son chemin afin de nous présenter sa sublime histoire et ses belles leçons de vie. Cela donne du renouveau et du dynamisme aux dialogues forts et tristes sortant de sa bouche, dans un silence planant. Ce manque de musique lors de ces scènes rend son histoire plus réaliste et plus profonde car simplement les mots suffisent à percer nos cœurs. Une sorte d’apaisement survole cet atmosphère lent et triste représenté par ce visage ridé. Il y a clairement aussi une ambiance purement américaine. Les musiques country, les chapeaux de cowboy sur les têtes des anciens et des tracteurs ambulants sur les routes étouffées par la chaleur, nous font voyager dans ce décor époustouflant des fin fonds de l’Amérique.
Une Histoire Vraie est une réelle transition dans la filmographie de David Lynch. Cette douceur constante dans les dialogues, les musiques peu présentes, les plans sur le décor américain et sur les yeux remplis d’histoire d’Alvin Straight donne une place majeure à ce film et un plaisir à le regarder. D’une tendresse et d’une simplicité surprenante, ce long-métrage nous fait voyager et touche profondément, il marque les esprits.
Nina
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