Critique n5: Manchester By The Sea-Kenneth Lonergan

Réalisé en 2016 par Kenneth Lonergan, Manchester By The Sea est un long métrage, aux nombreuses récompenses dont deux Oscars, touchant profondément le spectateur en lui exposant un récit dramatique et éprouvant, mettant la lumière des projecteurs sur ses personnages, symbolisant le sujet délicat du deuil.

Manchester By The Searetrace l’histoire dramatique de Lee Chandler (Casey Affleck), un homme irritable et affecté par son passé douloureux et le souvenir de son épouse Randi. Il est confronté au décès subit de son frère qui le contraint d’ouvrir ses cicatrices pour de s’occuper de son neveu.

Les personnages de ce long métrage naviguent autour du thème de la mort et de la survie, comme Lee, un survivant des entraves de sa vie. Marqué au fer rouge par son sombre passé, la joie, le rire, la paix, le bonheur, le soulagement ou la reconnaissance ne font plus partis des émotions que peut ressentir le personnage principal. Casey Affleck incarne avec beaucoup de finesse et de beauté, un homme battu par sa propre existence, s’accrochant aux seuls morceaux du temps qu’il peut encore sentir afin de rester et de survivre dans le monde des vivants. Avoir goût à la vie n’est plus dans son vocabulaire. Sans mot, à travers le jeu de l’acteur Affleck, le spectateur comprend facilement le cœur brisé qui bat au fond de ce personnage imaginaire. Mais pas si imaginaire que cela car une vraie identification se crée entre lui et son public, où chacun de nous, avons déjà connu la fin de la vie, une épreuve déchirante, pour toujours gravée au fond de notre esprit. Randi, jouée par Michelle Williams, apparaît peu à l’écran mais son importance dans le récit est cruciale, comme si elle était une lueur permanente autour du personnage de Lee. Elle a porté les mêmes blessures que son ancien mari et même à distance, un lien reste intact entre eux, comme nous montre la sublime scène du tête à tête, où d’un côté Randi est le reflet de la reconstruction et de l’autre côté, en face, Lee qui est le reflet d’un fantôme qui s’est perdu depuis bien longtemps. Une certaine question survole autour de Manchester By The Sea, qui semble s’interroger sur comment chaque vivant survit face à la mort, comme le jeune neveu, amateur de cette situation devant le décès de son père, qui se tourmente sur le seul petit détail de savoir son père congelé avant son enterrement devant son frigidaire. Mais après la mort, les vivants doivent affronter la vie, un sujet que Kenneth Lonergan expose à travers, par exemple, le personnage de l’ex-femme du frère de Lee, qui surgit de nulle part pour renouer les liens avec son fils. Le réalisateur met en scène les sujets de la vie comme la vie de famille, la vie financière misérable, la perte d’un proche, la mort, la responsabilité d’être parent, les douleurs de la vie marquantes ou encore le pardon de façon directe, sincère et morose. Les dialogues prennent le dessus sur le silence comme si aucun son, aucune musique n’a la capacité d’affecter autant que les mots. Ces mots maladroits et pragmatistes qui nous entrechoque avec des scènes sombres et attristantes. Une certaine réalité ressort de ce long-métrage, ce qui met le spectateur fasse à des sentiments, des situations et un mal-être assourdissant, tout en se mélangeant avec la beauté-cachée de la vie.

Manchester By The Sea est un film compliqué, émouvant et frappant. Il prend aux tripes de la meilleure des façons en nous choquant au fil des minutes. Malgré une couche épaisse de malheur, des petits éclats de bonheur ou plutôt de paix s’installent grâce aux pardons et à la force d’une personne qui s’efforce d’effectuer et de ressentir pour aller au-delà de ceux qui sont partis. La lueur d’espoir est très fine dans le récit et nous ne sortons pas de la séance dans un sentiment positif mais il permet de donner une certaine importance à ceux que nous fréquentons chaque jour, avant que tout cela nous quitte. Ce film est pur, simple et magnifique.

Nina.G